mercredi 10 avril 2013

Patienter… Attendre

     
"Pour bien des choses délicieuses, Nathanaël, je me suis usé d'amour. Leur splendeur venait de ceci que j'ardais sans cesse pour elles. Je ne pouvais pas me lasser."
  
"Nathanaël, je te parlerai des attentes…"
   
Les nourritures terrestres

En 1987, Jean-Philippe découvrait Les nourritures terrestres, m'en lisait ces passages, m'en parlait, mettait en pratique les invitations de Ménalque, entre la lumière chaude mais tamisée par un grand cerisier du jardin de sa mère, l'ombre fraîche de la cave blanche où il préparait le bac et dormait, et le monde entier, la nature, l'être humain tels qu'ils sont accessibles à un jeune homme de seize, dix-sept ans habitant Suresnes, allant au lycée à Rueil-Malmaison, découvrant Paris en métro et à pieds…
    
Depuis deux ans, j'expérimente l'étrangeté d'être deux fois plus lent pour tout, sauf, occasionnellement, mais régulièrement, pour la pure pensée. Tous les hommes, toutes les femmes sont voués à l'attente, et donc, invités à cultiver la patience. L'étant aujourd'hui davantage qu'autrefois, je fais connaissance avec un monde au temps à la fois ralenti et accéléré. Immobile et étal aussi, où les souvenirs anciens n'ont vraiment eu lieu qu'hier seulement, où demain est un défi plus mystérieux encore que naguère…
   
Il me semble vivre une vie plus dure que par le passé, et être plus lucide sur la fin de toutes choses. Je suis plus angoissé, maniaque, anxieux : c'est ma gageure, mon travail quotidien que de lutter contre. Mais, en même temps, je suis plus amoureux, plus passionné, gai tout aussi souvent et, oui, plus heureux qu'il y a trois ans. Heureux, profondément. Un peu comme avant… 
    
Oui, je suis patient, j'attends. Souvent, pour les petites choses. Continuellement, mais comme insensiblement, pour les grandes. J'espère, et j'aime.
     

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