samedi 2 février 2013

Les Saisons et les Lieux


Le livre "Tout est bleu ce matin" est disponible par correspondance, 18 €, frais de port inclus.
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     – Ah, Pauline, tu tombes bien ! Peux-tu m’attraper Le Lys dans la vallée ?
     – C’est aussitôt dit que fait.
     – Ça va, belle ?
     – Pas mal ! Mais quelle chaleur ! Plus dure que quand nous étions à Saint-Tropez… Plutôt comme Monaco, comme pénible. Mais Saint-Tropez, c’était un climat à part. Toujours beau et chaud, mais doux…
     – C’est juste. Tu dis toujours juste. Tu n’aimais pas tellement Monaco ?
     – Oh, si. Pas tellement comme ville, ni comme plaisance, mais on voyait toujours des gens si agréables, et intéressants !
     – C’est vrai.
     – Je venais voir si… ah, mais il est là ! Mon exemplaire du Blé en herbe.
     – Tu me lis donc encore ?
     – Ça m’arrive, je le confesse.
     – Et tu trouves ça comment ? Ça a déjà un peu vieilli, non ?
     – Sincèrement ? Non. À tout à l’heure ?
     – À tout à l’heure.
        
           

    
       
     Cette année encore, nous ne sortons pas de l'hiver. Plus long, plus dur, plus hivernal que d'habitude, on n'y sentit pas durer encore l'automne, commencer déjà le printemps. Un colosse glacé, enneigé et sale, écrasa le petit peuple des saisons, qui tendent au mélange, imposa à Paris son diktat cruel. Pour la première fois, je fermai ma fenêtre. Je m'inquiétai pour Pauline qui prit une mauvaise toux, une sale toux qui ne la quitta que peu à peu, avec des reprises, des rechutes. Pauline amoindrie, presque abattue, ce n'était pas possible ! Je demandai à Maurice de répondre à l'appel de l'abbé Pierre, et d'ouvrir notre porte aux malheureux sans-logis. Oh, il ne l'ouvrit pas sans grincer, et je gage qu'il opéra une rigoureuse sélection ! Mais Gérard et Catherine s'avérèrent des compagnons jeunes, actifs et, ma foi, bien drôles…
    
    
   
Ce jour exceptionnel de mars finissant, je me vis, miraculée, capable de descendre de chez moi avec une seule canne, et le bras de Gérard au soutien du mien. Oh… Comme tout est différent, moi qui ne connais plus mon jardin que de haut, comme tout est différent au ras du sol ! C’est autrement plus agressive que l’odeur de la terre retournée vient aux narines, quand on se penche de près sur elle… Et ces lombrics, et ces cocons pleins de minuscules araignées à naître, et les délicieux cornets des toutes premières feuilles de rosier, si petits, si détaillés, si rouges… je ne connaissais plus l’existence de tout cela !
Je me promène entre les plates-bandes, je regarde sous les arcades les vitrines qui me sont neuves elles-aussi, car enfin, je ne savais pas que des couturiers tenaient désormais boutique au Palais-Royal, ni des parfumeurs… 
   
   
Tout est bleu ce matin
© Frédéric Le Roux, 2013
    

illustrations  
     
1. Dunoyer de Segonzac, La baie de Saint-Tropez et le massif des Maures, coll. part. 
2. Dignimont, Chat noir sur un coussin rouge, Palais des Beaux-Arts de Lille.
3, 4.  Inconnus, Bassin des Tuileries, Champ de Mars, Internet.
5. Inconnu, Devanture de la librairie Charles Bosse en 1932, 16-18 rue de l’Ancienne Comédie à Paris.
6. Dignimont, Bar, Paris, Centre Pompidou.

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