samedi 30 mars 2013

Être heureux en amour peut durer plus longtemps qu'on ne pense… avant que la vie nous fasse passer dans la quatrième dimension !




– Il y a aussi des amours heureux, Colette, des amours lumineux. Quand la bonté entre dans la partie… Mais qu'as-tu ? Tu pleures ? Colette ?!!




Anne – Toute longue… Ding-dong…
Georges – Oui, ça se balançait, de-ci, de-là…
Anne – Oui, de-ci, de-là. Toi, très sérieux, comme ça… (elle parle lentement, avec un grand effort, et s'efforce d'imiter la gravité d'un visage ; il sourit)
Georges – Ouais…
Anne – Comme ça… Sérieux.
Georges – Oui, j'étais très coincé.
Anne – Oui… Coin… cé. (elle pose lentement sa main sur celle de Georges) C'était… bien. (elle lui sourit)

     
IMAGES. Les chansons d'amour de Honoré et Beaupain : Ludivine Sagnier, Clotilde Hesme, Louis Garrel. Los Hombres de Paco, série TV : le mariage. Colette et Maurice Goudeket à la Treille Muscate, Saint-Tropez, vers 1925. "Le cadeau du téléphone" : les mêmes, dans l'appartement du Palais-Royal, vers 1950. Les chansons d'amour, chanson "Ma mémoire sale", Grégoire Leprince-Ringuet et Louis Garrel. Affiche du film Amour de Michael Haneke : Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva. Posé devant une fenêtre, ouvert, l'album Amoureuse Colette de Geneviève Dormann.

DIALOGUES. Tout est bleu ce matin, © Frédéric Le Roux, 2013. Amour, © Michael Haneke, 2012.

vendredi 29 mars 2013

Sur la sexualité (3)

    
14 avril 2009
     
Enlacer… Caresser… Embrasser… Etreindre… C'est ce que j’aimais. Que je recherchais, et vers quoi je me dirigeais, et privilégiais sur toute autre forme d’échange sensuel, qui ne m’obsédaient pas comme celle-là… Elles venaient ensuite, avec bonheur, les autres figures du désir, ou du partage, que gouverne la relation majeure qu'est le coït – la sodomie, pour les hommes entre eux. Mais, avant elle, la fellation – fellatio simplex –, la bonne pipe à genoux, généreuse, poilue et odorante…
    
La fellation, toujours. " Faut qu'je suce ! Faut qu'je suce ! " entendais-je il y a peu piailler, par plaisanterie, par besoin également, tel ami, telle amie…
     
Pour beaucoup d'hommes, c'est par la pipe que tout commence, et à quoi souvent aussi, tout finit. Pour certains, c’est embrasser qui constitue la clé. Le baiser est tout. C'est à peine s’ils vous touchent, les deux mains serrant vos bras servent à assurer leur prise, ces mains ne jouent pas d’autre partition. Leur bouche en revanche est un corps sexuel complet, et leur baiser va plus loin que le baiser. Ils vous dévorent. Ils pressent, fouillent, bavent, se versent en vous et vous avalent successivement. Lèvres, pulpe, langue : vous prenez brutalement connaissance du détail de ces organes, leur chaleur, l'élasticité des lèvres, les grains de la langue et sa forme, sa tension, sa santé. Les passionnés du baiser embrassent avec leurs dents, et les chocs de l’émail sont un corps à corps dans l’espace vaste, ruisselant des bouches…
   
      
On peut aussi ne pas embrasser, ne pas dézipper son pantalon de cuir et avoir pourtant un rapport sexuel et sentimental complet, avec un homme qui vous serre contre lui et que vous serrez contre vous. Le foyer de votre étreinte est allumé entre vos verges qui se caressent sous le cuir ou sous le jean, se frottent, se pressent, glissent l'une contre l’autre… En 2005, L. n'y mettait même pas les mains, même pas le nez, pourtant grand messager de ce genre de rencontre. Le nez dans le cou où il respire l’odeur de la personne, celle de son cuir ou d'un autre matériau fétiche ; le nez sous l’aisselle, dans les cheveux… Moi j'y allais du nez, et des mains, sur les fesses avec bonheur, et partout ailleurs. J'y allais du baiser, et L. aussi, goulûment, et c'était très très bien, ça pouvait durer des dizaines de minutes cette histoire. Puis je le déboutonnais, je le déshabillais autant qu'il le permettait. Moi, je me mettais nu, je préférais…
    
Une autre approche est une prise de possession qui exclut la réciprocité : je te fous à genoux, à terre, je te couvre, je te force dans un coin de la chambre…
      
Une autre approche est…
     
Mais il y a tant d’approches.
     
     
PHOTOS. Les Chansons d'amour, film musical de Christophe Honoré et Alex Beaupain, avec Grégoire Leprince-Ringuet et Louis Garrel, 2007. Sur Internet (facebook), décembre 2012. Un chant d'amour, film de Jean Genet, 1950.

Sur la sexualité (2)

   
10 février 2009, suite
     
Quand j'ai commencé à souffrir dans ma sexualité, à cause de l’amour, du chagrin d'amour, à cause de la fatigue du corps, de ses changements à l'approche de la quarantaine, j'ai approfondi l'étrangeté de ma sexualité… Moins en actes, moins dans la relation en tout cas, qu'en pensée. J'imagine (je me rappelle mal) qu'il peut y avoir une souffrance comparable dans l'adolescence. Ce n'était vraiment pas drôle pour moi il y a un an, un an et demi. Rassembler aujourd'hui ce que j'ai compris, en revanche, est bien agréable… le cosmos du sexe rétablit peu à peu son ordre, les mots d'aujourd’hui en reflètent la constellation heureuse, glorieuse… Car une fois adoptés, entre la fin de la vingtaine et le début de la trentaine, les codes, le style d'une sexualité spécifiée, les pratiques, les figures et les objets précis qu'elle régit, je crois qu'on les conserve pour la vie… 
     
Cela ne signifie pas qu'ils vont conserver la même force, le même attrait toute la vie. Mais ils ont donné une forme à ce qui était divers, indéfini, un peu aveugle… Le cuir et ses rituels, son annexe latex, pour certains la panoplie skets-survet, amie du pipi, sont des routes stables dans la fantasmagorie instable que ne cesse d’être, au fil de la vie, la sexualité. A moins qu’on les délaisse, qu’on les dépasse ? Et que penser de ceux qui ont adopté une ligne de ce genre beaucoup plus tôt ? Mais ceux-là n'ont-ils pas fait qu'essayer ?
    
frontispice : dessin de Ralf König, https://www.facebook.com/RalfKoenig?fref=ts

mercredi 27 mars 2013

Quand les mecs sont sur un site cul… Premières notes pour un essai sur la sexualité. Premières questions


10 février 2009
      
Quand les mecs sont sur un site cul, ils y passent tous les jours. Et les mecs ont tous des sites cul. Et les filles aussi.
Je ne suis pas heureux, encore que, mais je suis bien, combatif ce matin. L. est génial, son rapport à la vie et au sexe, je l’admire, je l’aime, je m’y retrouve. Il est vrai, il est vivant, il est beau… Mais il a mis safe négociable sur sa fiche, et ça, ça ne passe pas.
T., à l’inverse, pas vu sur Bak.fr depuis des mois… Mais il est peut-être ailleurs, sur une autre boîte ?
     
Cochin fils : Les modèles. Gravé par Polenitch, Paris, 1755
      
Jeux d’appartenance. Le tatouage d’un code barre sur la nuque, le sacrum, ou Esclave de machin au marqueur sur le ventre, le visage… Différence, nuances. Autre chose, toujours au marqueur : salope, trou à bites… 
      
La gestion de l’agressivité masculine : savoir la retenir, la détourner, la libérer, la dispenser, l’accueillir…
     
Je me mets un masque à gaz sur la tête, et je ne me dis pas immédiatement, « Oh, je suis vraiment une saloperie… Comment puis-je jouer avec ça, prendre autant de plaisir, pendant que des gens souffrent de la guerre… Comment puis-je trouver du plaisir à ce symbole de la guerre, de la souffrance, de la mort ? » Non, je ne me dis pas cela. Je ne me dis pas non plus, « Comment puis-je confier ce que j’ai de plus heureux, de plus beau peut-être, mon plus grand plaisir, mon plaisir sexuel, à cette horreur de masque à gaz, comment osé-je enlaidir aussi radicalement ce que j’ai de plus beau ? » Etrangement, ces masques d'habitude affreux deviennent beaux dans la désir sexuel…
   
Pulsion de vie et pulsion de mort, aux échos planétaires ?
       
Sur Internet
    
Nous acceptons l’étrangeté de nos vies. Pourtant…
A quel âge commença l’étrangeté, pour toi ?
       
Le plus étrange, pour moi, fut la sexualité. Mais à vingt-cinq ans, encore plus à trente, la sexualité qui nous avait un peu fait souffrir adolescents est une telle source de plaisir que, même secrète, même "réprouvée", nous ne nous arrêtons pas à cette réprobation, nous jouissons de son étrangeté que nous poursuivons comme le mystère même de la vie, comme une aventure qui ne peut être décevante… 
   
Deux hommes, années 70

lundi 25 mars 2013

Comment s'aimer ?

Rien n'est plus émouvant, plus beau peut-être qu'un être qui vous raconte son enfance.
         
C’est un signe d’amour certain que de désirer connaître, revivre, l’enfance de l’autre " écrit Pavese au début de son journal…
     
Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi l'amour physique rouvre la porte de l'enfance ?
    
Barack et Michelle

Robert Crumb, Isaac  et Rebecca, "La Genèse". Denoël graphic

Deux femmes, http://blogspot.jetaimecolette.com

Boys by Kirwan. www.kirwanarts.com

samedi 23 mars 2013

Violence des genres

Les genres (féminin, masculin) sont une violence pour l'individu. Devoir assumer un genre que la génétique (c'est le même mot), notre naissance semblent nous imposer… mais n'est-ce pas seulement la société qui l'impose vraiment ? 

Nous savons bien que se manifestent en nous des pulsions que, traditionnellement, on qualifie tantôt de masculines, tantôt de féminines. Or, c'est pour l'individu une violence majeure, essentielle, parce qu'identitaire, de devoir étouffer, dissimuler, maquiller un de ces rangs de pulsions. Cette violence sera à l'occasion déplacée vers autrui ; dans les comportements homophobes, par exemple, mais ce n'est qu'un des cas de figure. On peut penser que ce problème entre également dans les violences conjugales…

Si difficile (si violent) qu'en soit le parcours, le transsexualisme des deux sexes est une autre réponse, moins choquante pour autrui qu'elle n'est bouleversante pour la personne qui l'assume…

Tendresse moderne. Auteur inconnu, Internet.
    
Françoise Fabian et Jean-Louis Trintignant dans Ma nuit chez Maud de Eric Rohmer, 1969.
    
Madame de Tourvel à l'instant où elle va céder au vicomte de Valmont. Remarquez la déchirante larme… Michelle Pfeiffer et John Malkovich dans Les liaisons dangereuses de Stephen Frears.
   
Trans boy. http://alirussell.net/page/5   

jeudi 21 mars 2013

Happy together ?

    
    
Un film de Wong Kar-wai de 1997, tourné à Buenos Aires. Un film de nuit et d'intérieurs essentiellement, comme ne l'indiquent pas ces deux images. Tony Leung et Chen Chang, tout en étreintes et douloureux retours à leurs solitudes… Un diamant noir, calmement halluciné par le tango d'Astor Piazzolla et les pavages de céramique vertigineux des cafés argentins… La saudade, même si ce n'est ni le Portugal, ni le Brésil.  
     
Picasso, l'ogre à femmes, avait beau jeu de dire que le couple homosexuel est impossible : voir le journal intime de Cocteau dans les années 50. Dans ce journal incroyablement riche, tenu secrètement, publié après la mort de Cocteau, on voit aussi apparaître Jean Genet en prototype de l'homosexuel comme solitaire absolu : "Le pédéraste est sans continuité, affirme Genet à Cocteau. Il se rassemble dans la minute. On pourrait mettre chacun de mes pas sous globe." (Le Passé défini, t. II, Gallimard, 1953, p. 252)
      
Est-il bien certain toutefois que cette solitude de la conscience et du corps sont spécifiques à l'homosexualité ? Et est-il définitivement établi qu'elles soient sans remède ?

Acteurs et précurseurs

   
   Précurseurs d'un vœu d'aimer librement, acteurs d'une tendresse moderne, d'un désir contemporain…
   

dimanche 17 mars 2013

Images de l'homosexualité, sexophobie, homophilie, hier, aujourd'hui – demain ?

    
     
     
    
      
     
     
     
     
© Tom Bouden (Bruno Gmünder, Queerville) ; Salvador Dali, Pier Paolo Pasolini, Mark Tarail (Jean-Jacques Pauvert, L'érotisme d'en face) ; André Gide (Gallimard, Corydon) ; Kane-Ross-Dini (DC Comics, Batman, War on Crime) ; Stelr (stelr.canalblog.com, Oui).