vendredi 29 mars 2013

Sur la sexualité (3)

    
14 avril 2009
     
Enlacer… Caresser… Embrasser… Etreindre… C'est ce que j’aimais. Que je recherchais, et vers quoi je me dirigeais, et privilégiais sur toute autre forme d’échange sensuel, qui ne m’obsédaient pas comme celle-là… Elles venaient ensuite, avec bonheur, les autres figures du désir, ou du partage, que gouverne la relation majeure qu'est le coït – la sodomie, pour les hommes entre eux. Mais, avant elle, la fellation – fellatio simplex –, la bonne pipe à genoux, généreuse, poilue et odorante…
    
La fellation, toujours. " Faut qu'je suce ! Faut qu'je suce ! " entendais-je il y a peu piailler, par plaisanterie, par besoin également, tel ami, telle amie…
     
Pour beaucoup d'hommes, c'est par la pipe que tout commence, et à quoi souvent aussi, tout finit. Pour certains, c’est embrasser qui constitue la clé. Le baiser est tout. C'est à peine s’ils vous touchent, les deux mains serrant vos bras servent à assurer leur prise, ces mains ne jouent pas d’autre partition. Leur bouche en revanche est un corps sexuel complet, et leur baiser va plus loin que le baiser. Ils vous dévorent. Ils pressent, fouillent, bavent, se versent en vous et vous avalent successivement. Lèvres, pulpe, langue : vous prenez brutalement connaissance du détail de ces organes, leur chaleur, l'élasticité des lèvres, les grains de la langue et sa forme, sa tension, sa santé. Les passionnés du baiser embrassent avec leurs dents, et les chocs de l’émail sont un corps à corps dans l’espace vaste, ruisselant des bouches…
   
      
On peut aussi ne pas embrasser, ne pas dézipper son pantalon de cuir et avoir pourtant un rapport sexuel et sentimental complet, avec un homme qui vous serre contre lui et que vous serrez contre vous. Le foyer de votre étreinte est allumé entre vos verges qui se caressent sous le cuir ou sous le jean, se frottent, se pressent, glissent l'une contre l’autre… En 2005, L. n'y mettait même pas les mains, même pas le nez, pourtant grand messager de ce genre de rencontre. Le nez dans le cou où il respire l’odeur de la personne, celle de son cuir ou d'un autre matériau fétiche ; le nez sous l’aisselle, dans les cheveux… Moi j'y allais du nez, et des mains, sur les fesses avec bonheur, et partout ailleurs. J'y allais du baiser, et L. aussi, goulûment, et c'était très très bien, ça pouvait durer des dizaines de minutes cette histoire. Puis je le déboutonnais, je le déshabillais autant qu'il le permettait. Moi, je me mettais nu, je préférais…
    
Une autre approche est une prise de possession qui exclut la réciprocité : je te fous à genoux, à terre, je te couvre, je te force dans un coin de la chambre…
      
Une autre approche est…
     
Mais il y a tant d’approches.
     
     
PHOTOS. Les Chansons d'amour, film musical de Christophe Honoré et Alex Beaupain, avec Grégoire Leprince-Ringuet et Louis Garrel, 2007. Sur Internet (facebook), décembre 2012. Un chant d'amour, film de Jean Genet, 1950.

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