mercredi 17 octobre 2018

Saisons torrides

" Le temps de réfrigérer les moisissures, de servir, sur la fleur en plateau du laurier-tin, un dernier petit entremets de giboulée éphémère, et le printemps torride violentera toutes les éclosions. (…)
C'est le printemps rôti, qui accourcit l'herbe et les lances du blé. Vent d'est, pas de rosée, le rosier perd ses boutons fermés, le cerisier ses cerises ridées, l'ail jeune, l'échalote sensible pâment - pitié pour la fleur ailée du pois, qui prie pour que la pluie la change en cosse…
A ce printemps véhément je superpose encore l'idée de l'amour, pour ne me rappeler que la dureté intéressée de la vue amoureuse, le petit groin rose de l'amour, son secret langage de corps de garde (…)… Il est étrange que cette sorte de printemps soit encore au nombre de mes récréations mystérieuses de femme âgée… "

L'étoile Vesper

Dans une variante de ce texte (voir Éd. de La Pléiade, tome IV), Colette développe ce passage sur l'amour et assure qu'à sa place, elle connut un pur éblouissement solaire, un éden de fleurs. 


" Au delà, tout n'est que prodigieux de couleur et de richesses indistinctes. (…) Je n'y revois, je n'y recense, parmi des coïncidences  d'exaltation, de précocité, que la poignante apothéose d'une saison qui se dépensait comme si chacun de ses efforts fût le premier ou le dernier. (…) Dans le lointain, l'adolescence enregistre impeccablement. Grâce à sa mémoire, le printemps fleuri, écumant d'abondance, est encore au nombre de mes récréations mystérieuses de femme âgée. "

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