– Vous voyez.
– Mais pourquoi encore une chienne bull ?
– Sans doute parce que je manque d'imagination…
– D'autant plus que celle-là ressemble incroyablement à l'autre, qui est morte… Mais incroyablement ! "
Incroyablement. Tu l'entends, ô chienne ? C'est le seul mot sensé qui se soit échappé de cette dame, cette dame devant qui tu tiens ton sérieux. Incroyablement, en effet, tu ressembles à la chienne écrasée il y a dix ans. Je pourrais m'écrier : " C'est la même chienne ! " et croire qu'elle a seulement patienté, médité, progressé, pendant ses dix années d'absence. Ainsi attendent sous la terre des germes, étirés, obstinés, chercheurs, jusqu'à ce qu'ils trouvent l'issue et s'exhument vivaces… Peut-être qu'elle a, cette chienne – que tu as cheminé sous la terre à ma recherche, depuis ta mort…
Un chien à crâne rond est si différent d'un chien à crâne plat qu'il m'arrive de dire : " J'avais à cette époque-là un bouledogue et un chien. "
On n'achète par caprice ni un cheval, ni une maison, ni une chienne bouledogue. Derrière ta grille de sujet à vendre, tu attendais, avec une sagesse que je reconnus. Je reconnus le front, siège d'une mémoire qui étonne le profane, et la petite queue pleine d'esprit…
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