dimanche 12 février 2012

Paradis terrestre





– Encore une chienne bull ?
– Vous voyez.
– Mais pourquoi encore une chienne bull ?
– Sans doute parce que je manque d'imagination…
– D'autant plus que celle-là ressemble incroyablement à l'autre, qui est morte… Mais incroyablement ! "

Incroyablement. Tu l'entends, ô chienne ? C'est le seul mot sensé qui se soit échappé de cette dame, cette dame devant qui tu tiens ton sérieux. Incroyablement, en effet, tu ressembles à la chienne écrasée il y a dix ans. Je pourrais m'écrier : " C'est la même chienne ! " et croire qu'elle a seulement patienté, médité, progressé, pendant ses dix années d'absence. Ainsi attendent sous la terre des germes, étirés, obstinés, chercheurs, jusqu'à ce qu'ils trouvent l'issue et s'exhument vivaces… Peut-être qu'elle a, cette chienne  que tu as cheminé sous la terre à ma recherche, depuis ta mort…



Un chien à crâne rond est si différent d'un chien à crâne plat qu'il m'arrive de dire : " J'avais à cette époque-là un bouledogue et un chien. "

On n'achète par caprice ni un cheval, ni une maison, ni une chienne bouledogue. Derrière ta grille de sujet à vendre, tu attendais, avec une sagesse que je reconnus. Je reconnus le front, siège d'une mémoire qui étonne le profane, et la petite queue pleine d'esprit…
     
Chienne bull, in Prisons et paradis
     
pour Stéphane




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